Introduction
Depuis trois décennies, la politique économique française s’articule autour d’un même credo : favoriser la politique de l’offre à coups de subventions, d’exonérations fiscales et sociales, sans conditions strictes ni contrôle réel. En 2023, ces aides publiques aux entreprises atteignent 211 milliards d’euros (source).
Pendant ce temps, le gouvernement de François Bayrou annonce des mesures visant à “responsabiliser” les malades, notamment via un doublement de la franchise médicale. Un contraste saisissant qui révèle un véritable Grand Détournement.
I. 211 Milliards d’Euros : la réalité des aides publiques aux entreprises
1. Composition des aides
Selon la commission d’enquête sénatoriale (juillet 2025), le montant total comprend :
• Subventions directes : 7 milliards €
• Aides Bpifrance : 41 milliards €
• Dépenses fiscales et allègements : 88 milliards €
• Allègements de cotisations sociales : 75 milliards €
Soit 211 milliards d’euros, sans compter les aides des collectivités et de l’UE.
2. Une opacité structurelle
• Absence de base de données publique exhaustive
• Pas de suivi d’impact économique ou social
• Remboursement rarement exigé en cas de délocalisation
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II. Une aide sans contrepartie réelle
Malgré cette manne, aucune conditionnalité forte n’encadre l’utilisation des fonds. Certaines entreprises bénéficiaires ferment des sites, licencient ou augmentent les dividendes versés aux actionnaires.
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III. Pendant ce temps : Bayrou responsabilise les malades
1. Mesures annoncées
• Doublement de la franchise médicale annuelle : de 50 € à 100 € par assuré
• Recyclage de matériel médical, y compris issu de patients décédés
• Réduction de certains remboursements
2. Justification et critiques
Bayrou défend ces mesures comme un “effort partagé” (France Assos Santé). Les associations y voient une logique punitive frappant les plus vulnérables.
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IV. L’extrême droite : un paravent politique
1. Détourner le débat
L’extrême droite concentre le discours public sur l’immigration, accusée de saturer les services sociaux. Cette stratégie masque le fait que les véritables assistés sont les grandes entreprises.
2. Utilisation des aides
Une partie des subventions est :
• Réinjectée dans la rémunération des actionnaires
• Investie à l’étranger
Règle théorique :
• Investissements étrangers limités à l’UE
• Maximum 20 % des subventions perçues
En pratique : contrôles faibles, dérogations nombreuses, et délocalisations fréquentes.
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V. Tableau comparatif : un contraste frappant
VI. Pourquoi parler de Grand Détournement ?
1. Captation des ressources publiques par des acteurs privés puissants
2. Rationnement de la demande sociale (santé, éducation)
3. Inversion des responsabilités : les citoyens vulnérables paient pour maintenir des privilèges économiques
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FAQ
1. Qu’est-ce que la politique de l’offre ?
C’est une stratégie économique qui vise à soutenir la production et les entreprises, souvent via des baisses d’impôts ou des aides publiques, en espérant stimuler l’investissement et l’emploi.
2. Pourquoi 211 milliards d’euros d’aides aux entreprises en France ?
Ces aides sont un mélange de subventions directes, d’allègements fiscaux et sociaux, et de financements publics via Bpifrance, censés améliorer la compétitivité.
3. Les aides aux entreprises sont-elles conditionnées ?
Très peu. La plupart sont versées sans obligation stricte de maintenir l’emploi ou de produire en France.
4. Que propose François Bayrou pour la santé ?
Il prévoit de doubler la franchise médicale annuelle à 100 €, et de recycler certains matériels médicaux.
5. Quel est le lien avec l’extrême droite ?
Elle détourne le débat sur l’immigration, masquant le rôle central des aides publiques aux entreprises dans les finances publiques.
6. Les aides peuvent-elles financer des investissements étrangers ?
En théorie, seulement dans l’UE et jusqu’à 20 % des subventions reçues. En pratique, ces limites sont rarement appliquées.
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Conclusion
Le Grand Détournement est le produit d’une politique néolibérale persistante : arrosage massif des entreprises, sans contrôle ni conditionnalité, couplé à une austérité sociale qui frappe les malades. L’extrême droite, en désignant les immigrés comme boucs émissaires, protège ce système opaque. Sans réforme profonde et transparence totale, la facture continuera d’être réglée par ceux qui ont le moins.