Cucuron, chroniques d’un promontoire millénaire
Nichée sur une colline dominant la vallée d’Aigues, Cucuron est bien plus qu’un joli village du Luberon : c’est un lieu où l’histoire se lit dans chaque pierre. Occupé dès le Néolithique au site du Castelas, il se déploie à travers les âges — un oppidum gaulois, des villae gallo-romaines avec nécropoles et mausolée, jusqu’à son essor médiéval en tant que Castrum Cucurone .
Le mausolée des Pourrières, mis au jour à l’emplacement d’une villa gallo‑romaine, est un témoignage saisissant du pouvoir patricien autour du Ier ap. J.-C. ; ses vestiges sont visibles au Musée Marc‑Deydier.
Vestiges médiévaux et patrimoine architectural
Le village médiéval, cerclé de remparts, conserve des témoignages vivaces de son passé défensif : portes fortifiées, tours, beffroi, ainsi que les ruines du château et de la tour Saint‑Michel – ce donjon offre une vue panoramique splendide sur le Luberon .
L’église Notre‑Dame‑de‑Beaulieu, mélange harmonieux des styles roman provençal (nef du XIe siècle) et gothique (ajouts du XVe‑XVIe s.), est classée monument historique. Sa nef voutée, ses arcs-doubleaux et ses chapelles latérales illustrent une architecture empreinte de sérénité .
Ne manquez pas non plus la fontaine de l’Obélisque, installée en lieu central dans le village, classée monument historique depuis 1949 .
Moulin à huile Dauphin : une tradition oléicole vivante
Autre spécialité locale, le Moulin Dauphin s’écoule dans l’histoire : installé dans une grotte creusée sous les remparts, il exploite une tradition oléicole séculaire de Cucuron, jadis surnommé Cucuron des Olivettes pour ses sept moulins à huile .
Cet atelier ancestral fonctionne depuis le XIIe siècle, transmis de génération en génération. Aujourd’hui, sous la houlette de la famille Gasquet (Céline et Stéphane), il marie habilement savoir-faire traditionnel et modernisation respectueuse des normes .
Le site vous propose également d’assister à la trituration, voire d’amener vos olives pour une expérience participative unique .
Une balade au verger attenant, planté de 250 oliviers (datés des années 1930), ajoute à la magie du lieu .
Itinéraire en quatre étapes
- Une entrée en matière chaleureuse
- Commence par une description sensorielle : le souffle provençal dans les ruelles, les oliviers, le chant des cigales… rappelle que, derrière le charme, la mémoire du lieu est vivante.
- Le passé antique
- Évoque le Néolithique, les villae gallo-romaines, le mausolée des Pourrières et l’assimilation d’une élite gallo‑romaine — symboles de racines bien ancrées .
- Moyen Âge & patrimoine médiéval
- Monter jusqu’au donjon Saint‑Michel pour s’offrir la Provence à 360°, visiter l’église Notre‑Dame‑de‑Beaulieu, puis flâner autour du bassin et des lavoirs, portes et maisons médiévales .
- Le Moulin Dauphin : d’hier à demain
“Cucuron : quand l’histoire se déguste”
Imagine-toi, un café à la main, assis au bord du bassin ombragé par les platanes centenaires. Derrière toi, les maisons de pierre révèlent leurs histoires millénaires…
1. Racines profondes & témoignages néolithiques Aux origines, un peu de néolithique, quelques brutales villae gallo-romaines et le célèbre mausolée des Pourrières : un rameau encore vivant dans le riche passé antique du village.
2. Château, église & vie médiévale Monte au donjon Saint-Michel : la vue, c’est la Provence en panoramique. À deux pas, l’église Notre-Dame-de-Beaulieu t’invite à un voyage architectural entre roman et gothique. Le bassin, les ruelles, les remparts… chaque pierre murmure une époque.
3. Moulin Dauphin : une tradition en continu Place ensuite à l’oléiculture vivante : le Moulin Dauphin, niché au creux d’une grotte sur les remparts, broie les olives comme au XIIe siècle… mais avec les codes du XXIe. Une visite immersive — participe à la trituration, découvre le verger de 250 oliviers et finis avec une dégustation gourmande.
Cucuron a aussi son lot de petites histoires et de légendes, parfois oubliées mais encore murmurées dans le Luberon. ✨
🌙 La légende de la « Dame blanche de l’étang »
On raconte qu’autrefois, autour du grand bassin central (creusé au XVIᵉ siècle), apparaissait parfois une silhouette vaporeuse, vêtue de blanc. Les anciens disaient qu’il s’agissait de l’esprit d’une jeune fille noyée lors de la construction du bassin, condamnée à errer sous les platanes centenaires. Les soirs d’été, quand la brise ride l’eau, certains jurent encore apercevoir son reflet.
🪵 Le peuplier de la peste
Cucuron est l’un des rares villages du Vaucluse qui a gardé une tradition liée à la Grande peste de 1720. Chaque année, on érige un peuplier (« piboule ») devant l’église en souvenir du vœu fait par les habitants pour être épargnés. La légende locale veut que si, une année, on oubliait d’ériger l’arbre, la peste — ou un autre fléau — reviendrait. Cette croyance donne à la fête de la Piboule un parfum à la fois religieux et superstitieux.
🔥 Les feux du Castellas
Au sommet du village, les ruines du Castellas (ancien oppidum puis château médiéval) sont entourées de récits mystérieux. La nuit, dit-on, des flammes bleues jaillissent parfois entre les pierres écroulées. Les paysans y voyaient jadis les âmes des anciens seigneurs qui veillaient sur leurs trésors enfouis. Certains prétendent que ces feux annonçaient aussi les années de grande sécheresse.
🫒 Le moulin aux esprits
Enfin, lié au moulin à huile Dauphin, une vieille histoire raconte que, lors des nuits de trituration, on pouvait entendre des gémissements sourds sortir des meules. Les anciens pensaient que ce n’étaient pas les pierres, mais les « esprits des oliviers sacrifiés » qui protestaient. Les meuniers, pour les apaiser, avaient coutume de jeter une poignée de sel dans la première cuvée.
En conclusion
Cucuron, c’est doux, c’est authentique, c’est un voyage dans le temps qui a encore un bel avenir. Prends ton appareil — l’histoire ici se raconte, se respire, et se partage.”