La taxe Zucman : comprendre le débat autour d’une mesure qui divise

La taxe Zucman : comprendre le débat autour d’une mesure qui divise

Au cours des dernières semaines, la « taxe Zucman » s’est imposée au cœur des discussions à l’Assemblée nationale et dans les médias économiques.
Inspirée par les travaux de l’économiste Gabriel Zucman, cette proposition vise à instaurer un impôt minimal mondial de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Ses défenseurs y voient un instrument de justice fiscale et de lutte contre l’évasion des grandes fortunes, tandis que ses opposants redoutent un frein à l’investissement et un risque de fuite des capitaux.

Le débat a pris une nouvelle ampleur ces derniers jours, alors que plusieurs figures politiques et patronales — du MEDEF à certains députés de la majorité —
se sont publiquement positionnées contre la mesure. Dans ce contexte, l’entretien accordé par Gabriel Zucman à Salomé Saqué, dans l’émission Blast – Le souffle de l’info, éclaire avec clarté les fondements économiques et politiques de sa proposition.

🎥 Vidéo de référence :
Pourquoi Gabriel Zucman fait peur aux ultra-riches — Blast, Le souffle de l’info


Un entretien pour comprendre les enjeux réels de la taxe

Dans cette vidéo publiée le 24 octobre 2025, Zucman revient sur les objectifs de sa taxe, son mode de calcul et les raisons de la virulente opposition qu’elle suscite.
L’économiste y expose dix arguments clés en faveur de cette contribution mondiale, parmi lesquels la justice fiscale, la réduction des inégalités et la fin de la concurrence entre États sur les taux d’imposition. L’entretien met également en lumière les principales critiques émises dans le débat public : risque de fuite des capitaux, complexité d’application, et crainte d’un effet dissuasif sur l’investissement.

Cet échange constitue une ressource précieuse pour comprendre les fondements économiques, politiques et symboliques de la taxe Zucman,
bien au-delà des slogans ou des réactions à chaud.


Analyse synthétique : points d’accord et de divergence

✅ Arguments en faveur de la taxe

  • Rétablir une justice fiscale mondiale face à l’évasion des grandes fortunes.
  • Réduire les inégalités économiques croissantes.
  • Générer jusqu’à 250 milliards $ par an de recettes globales.
  • Mettre fin à la concurrence fiscale entre États.
  • Rendre la fiscalité plus transparente et démocratique.

⚠️ Principales critiques et réserves

  • Risque de fuite des capitaux vers les paradis fiscaux.
  • Possible frein à l’investissement et à la croissance.
  • Difficulté de mise en œuvre sans accord mondial.
  • Complexité du calcul des patrimoines à l’échelle globale.
  • Crainte d’un précédent pour une gouvernance fiscale supranationale.

Article rédigé à partir de l’entretien diffusé par Blast, “Pourquoi Gabriel Zucman fait peur aux ultra-riches”, publié sur YouTube le 24 octobre 2025.

Tableau analytique des argement levés par les opposants et réponse de Gabriel Zucman

Critique (soulevée par les opposants) Réponse de Gabriel Zucman (dans l’interview Blast)
💥 1. Taxe “confiscatoire” ou “anti-réussite”
– Taxer la fortune, même à 2 %, reviendrait à punir la réussite.
– “Une spoliation moderne.”
➤ Zucman rappelle que 2 % sur un patrimoine supérieur à 100 M$ est bien inférieur à la croissance annuelle moyenne des grandes fortunes.
➤ Ce n’est pas une punition, mais un minimum symbolique d’effort collectif.
💸 2. Risque de fuite des capitaux et des riches
– “Les ultra-riches quitteront la France / l’Europe.”
➤ L’impôt vise une coordination mondiale, comme la taxe OCDE sur les multinationales.
➤ S’il est appliqué globalement, aucune fuite n’a de sens.
🏦 3. Découragerait l’investissement
– “Les entrepreneurs n’investiront plus.”
➤ Le projet cible le patrimoine net, pas les revenus d’activité.
➤ Il ne touche ni l’investissement productif, ni les start-ups, mais les placements dormants ou spéculatifs.
🧮 4. Techniquement impossible à évaluer
– “Comment mesurer la fortune des milliardaires ?”
➤ Grâce à l’échange automatique d’informations financières (OCDE, CRS, FATCA), la transparence existe déjà.
➤ L’administration fiscale dispose des outils nécessaires.
🏛️ 5. Atteinte à la souveraineté fiscale
– “Chaque pays doit fixer ses propres impôts.”
➤ C’est le même principe que l’accord mondial sur les entreprises (OCDE, 2021).
➤ Zucman parle d’un “plancher commun”, non d’un impôt imposé d’en haut.
📉 6. Nuit à la compétitivité
– “Les pays appliquant cette taxe perdront en attractivité.”
➤ En réalité, l’absence de plancher crée un avantage déloyal pour les paradis fiscaux.
➤ Le plancher rétablit une concurrence loyale.
🧾 7. Rapportera très peu
– “Les recettes sont minimes et les chiffres gonflés.”
➤ Estimation basée sur données publiques vérifiables : environ 250 Md$/an.
➤ Même réduite de moitié, la taxe rapporterait plus que l’aide publique mondiale au développement.
⚖️ 8. Inefficace contre les inégalités
– “Les riches trouveront toujours des échappatoires.”
➤ Depuis la fin du secret bancaire, les marges de fraude ont chuté.
➤ L’échange d’informations et la coopération internationale rendent la triche beaucoup plus risquée.
🧠 9. Idée naïve ou irréaliste
– “Impossible de faire adopter ça partout.”
➤ Zucman rappelle que la taxe mondiale sur les multinationales, jugée “utopique”, a pourtant été adoptée par 140 pays.
➤ Il plaide pour un réalisme coopératif, à commencer par l’Europe.
📺 10. Mesure idéologique, pas économique
– “Zucman est un économiste militant.” (Nicolas Bouzou, Agnès Verdier-Molinié…)
➤ Il revendique une démarche scientifique, fondée sur les données et les publications universitaires.
➤ “L’idéologie, c’est de refuser de voir les chiffres”, dit-il.

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